Natacha BOX
LES TROUBLES ANXIEUX
Des symptômes physiques
L’anxiété est un état émotionnel qui se caractérise par le ressenti d'un danger, sans objet réel, plutôt imprécis mais qui va entraîner un sentiment d'incertitude et d'insécurité. L'anxiété est un phénomène normal, généralement bien maitrisé par les personnes. Cependant, lorsque cette anxiété devient intense, irrationnelle et incontrôlable, elle entraîne une souffrance et une détresse chez la personne qui la ressent, avec manifestation de toute une série de phénomènes physiques (tremblements, nausées, maux de ventre, tensions corporelles, tachychardie, vertiges, transpiration...)
Ces phénomènes physiques en lien avec l'anxiété ne sont pas signes d'une maladie organique. Elles s'expliquent par une mauvaise régulation d'une zone dans le cerveau appelée l'hypothalamus, qui sert notamment au contrôle du système végétatif. Ce dernier est un système autonome, primitif, qui ne pense pas et permet généralement au corps de réagir vite en situation de danger réel.
Dans le cas des troubles anxieux, ce système se met en route, de façon automatique "comme si" la personne se trouvait en situation de danger réel. Ainsi, elle éprouvera des symptômes physiques intenses et désagréables qui l'amènera par la suite à éviter des situations qui pourront réactiver ces symptômes : la peur d'avoir peur.
Le phénomène de la peur
La peur est une des émotions dites primaires. Elle est activée par une zone nommée l’amygdale, appartenant à un système plus vaste, siège des émotions : le système limbique. L'amygdale fonctionne comme un module d'alerte. Elle va permettre de reconnaitre et d'évaluer la nature émotionnelle de ce que nous ressentons au niveau sensoriel.
Cette zone est donc en lien avec l'hypothalamus et le système végétatif. Dans le cas des phobies par exemple, l'amygdale s'hyperactive et des réactions de peur se mettent en place, favorisant ainsi un conditionnement : "je ne prend pas le métro car j'ai l'impression que je vais mourir (en raison des symptômes physiques) s'il s'arrête dans le tunnel". Il semblerait que ces personnes évalueraient ainsi mal leur sensations physiques et les attribueraient à une menace potentielle.
Des difficultés à penser rationnellement
Les troubles anxieux se manifestent par leur caractère irrationnel et disproportionné par rapport à une situation à la base neutre. Habituellement, le néocortex nous permet de raisonner et d'amener des réponses adaptées face aux situations problématiques. Dans les troubles anxieux, soumis au réflexe, les personnes n'arrivent plus à faire fonctionner de façon efficace et pertinente le néocortex (notamment le cortex préfrontal) et ainsi à trouver des réponses alternatives face aux réactions automatiques.
Informations externes ou internes
Sensations physiques
Perception d'un danger
Renforcement de la peur et de l'anxiété en mettant en place des stratégies d'évitement (fuite, rituels ...)
Anticipation
Interprétations catastrophes
Les pistes
Les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC)
Les TCC abordent l'anxiété en se focalisant sur les pensées, les émotions et les comportements. Selon cette approche, l'anxiété est souvent le résultat de schémas de pensée dysfonctionnels ou de comportements d'évitement.
Pistes de lecture selon les TCC :
-
Pensées automatiques négatives : L'anxiété découle souvent de pensées catastrophiques ou irrationnelles face à des situations perçues comme menaçantes. Par exemple : "Si je prends la parole en public, je vais me ridiculiser."
-
Schémas cognitifs : Des croyances profondes, souvent inconscientes, peuvent sous-tendre l’anxiété (par ex., "Je dois être parfait pour être accepté").
-
Conditionnement et apprentissage : L'anxiété peut être le fruit d’un apprentissage antérieur, comme une association entre une situation neutre et une expérience traumatique.
-
Évitement comportemental : Les comportements visant à fuir ou éviter les situations anxiogènes entretiennent l'anxiété en empêchant la désensibilisation ou la résolution du problème.
Interventions spécifiques :
-
Restructuration cognitive pour modifier les pensées irrationnelles.
-
Expositions progressives pour réduire l’évitement.
-
Techniques de relaxation et de pleine conscience pour gérer les symptômes physiologiques.
La Psychanalyse
La psychanalyse interprète l'anxiété comme une manifestation de conflits inconscients ou de pulsions non résolues. Cette approche s'intéresse aux origines profondes de l'anxiété dans l'histoire personnelle et les relations précoces.
Pistes de lecture selon la psychanalyse :
-
Conflits inconscients : L’anxiété résulte de tensions entre des désirs inconscients et les interdits sociaux ou moraux. Par exemple, un conflit entre le Ça (désirs pulsionnels) et le Surmoi (normes internalisées).
-
Traumatismes précoces : Des expériences de séparation, d'abandon ou des relations parentales dysfonctionnelles peuvent engendrer une insécurité fondamentale qui se manifeste par de l'anxiété.
-
Anxiété de castration ou d'abandon : Certaines formes d'anxiété peuvent être liées à des peurs symboliques profondément enracinées.
-
Défenses psychiques : L'anxiété peut émerger lorsque des mécanismes de défense comme le refoulement ou la projection échouent à protéger le Moi.
Interventions spécifiques :
-
Exploration des rêves, des lapsus et des associations libres pour accéder à l’inconscient.
-
Mise en lumière et résolution des conflits inconscients.
-
Réparation des blessures narcissiques ou des traumatismes relationnels.
Les Thérapies Humanistes et Centrées sur la Personne
Ces thérapies se concentrent sur l’expérience subjective et la croissance personnelle. Elles considèrent l’anxiété comme une réponse à un manque d’authenticité ou à une inadéquation entre le soi réel et le soi idéal.
Pistes de lecture :
-
Incongruence : L’anxiété survient lorsque les aspirations profondes de la personne ne sont pas alignées avec ses actions ou sa réalité actuelle.
-
Pression externe : La peur de ne pas répondre aux attentes sociales ou familiales peut provoquer de l'anxiété.
-
Manque de sens : L’anxiété peut être le reflet d’une quête existentielle ou d’un vide intérieur.
Interventions spécifiques :
-
Approche centrée sur l’écoute active et l’acceptation inconditionnelle.
-
Facilitation de l’expression des émotions refoulées.
-
Accompagnement dans la recherche d’un équilibre personnel et d’un sens à la vie.
Les Thérapies Systémiques et Familiales
Ces approches considèrent l'anxiété comme le symptôme d’un dysfonctionnement dans les relations familiales ou dans un système plus large.
Pistes de lecture :
-
Anxiété relationnelle : L’anxiété peut être le reflet de tensions ou de rôles dysfonctionnels dans la dynamique familiale.
-
Transmission transgénérationnelle : Des peurs ou des traumas peuvent être transmis d’une génération à l’autre.
-
Conflits relationnels : L’anxiété peut découler de relations conflictuelles non résolues ou d’un manque de communication.
Interventions spécifiques :
-
Travail sur les interactions et les schémas relationnels.
-
Mise en lumière des alliances et des conflits dans le système familial.
-
Déconstruction des transmissions de peurs ou de croyances limitantes.
La Pleine Conscience et les Approches Corporelles
Ces approches considèrent l'anxiété comme une réponse physiologique et émotionnelle à un stress chronique ou à une déconnexion corps-esprit.
Pistes de lecture :
-
Hyperactivation physiologique : L’anxiété peut être une réponse exagérée du système nerveux à une menace perçue.
-
Déconnexion émotionnelle : Un manque d’ancrage dans le moment présent peut amplifier l’angoisse.
-
Accumulation de stress : L'anxiété peut être le résultat d'un stress non exprimé ou non régulé.
Interventions spécifiques :
-
Techniques de méditation et de pleine conscience pour réduire l’hyperactivation.
-
Pratiques somatiques (yoga, respiration, relaxation) pour apaiser le corps.
-
Focalisation sur l’instant présent pour réduire les ruminations anxieuses.
Les Thérapies Intégratives
Ces approches combinent différents outils issus de plusieurs écoles pour offrir une prise en charge adaptée aux besoins spécifiques du patient.
Pistes de lecture :
-
L’anxiété peut être vue comme un phénomène multifactoriel impliquant des dimensions cognitives, émotionnelles, relationnelles et biologiques.
-
Les schémas de pensée dysfonctionnels, les traumatismes passés et les déséquilibres neurobiologiques sont tous pris en compte.
Interventions spécifiques :
-
Utilisation de techniques issues des TCC, de la psychanalyse, de la pleine conscience ou des approches corporelles.
-
Approche personnalisée pour traiter les causes profondes tout en gérant les symptômes immédiats.
Chaque approche thérapeutique offre une perspective unique sur l’anxiété, que ce soit en se concentrant sur les pensées et comportements (TCC), les conflits inconscients (psychanalyse), les relations (systémique), ou le corps et les émotions (pleine conscience). En fonction des besoins et des préférences du patient, le choix de la thérapie peut varier pour proposer un accompagnement optimal et sur mesure.